L'eau et l'IA : deux enjeux majeurs du 21ème siècle qui s'opposent

L'eau et l'IA : deux enjeux majeurs du 21ème siècle qui s'opposent

Quand la "nouvelle intelligence" assoiffe la planète

Il y a quelque chose de profondément ironique, presque tragique, dans notre époque. Nous sommes cette civilisation qui regarde le ciel avec angoisse, consciente que le météorite approche, mais qui continue de débattre sur la couleur des rideaux du salon.

Vous souvenez-vous de Don't Look Up, ce film où Leonardo DiCarpacchio incarne un scientifique désespéré face à l'indifférence collective ?
Remplacez le météorite par la crise de l'eau, et vous obtenez notre réalité actuelle.
Sauf que cette fois, nous ne regardons pas le ciel : nous regardons nos écrans, nos smartphones, nos chatbots.
Et pendant ce temps, l'eau s'évapore.

L'eau : cet élément vital que nous oublions

L'eau est la matrice de toute vie sur Terre.
Sans elle, pas de photosynthèse, pas d'écosystèmes, pas de civilisation.
Elle constitue la majorité des molécules de notre corps par son potentiel d'hydratation, elle nourrit nos sols, elle régule notre climat.
Elle est dans tout organisme vivant comme source de vie.

Je vous en parle assez dans ce blog pour mieux comprendre en plus ses propriétés, ses états et ses vertus.

D'après mes travaux sur le 432 Hz, nous avons affiné avec le Pr. Marc Henry en 2020 la fréquence de biorésonance de la molécule d'eau H2O pour mieux comprendre l'impact du son et des fréquences sur la biologie.
J'ai pu creuser encore plus sur les fréquences de l'eau avec les travaux du Pr. Gerald Pollack début 2024 avec l'expérience de [H3O2]-
Nous le savons.
Nous l'enseignons à nos enfants, l'eau est une ressource importante et essentielle.
Et pourtant, nous assistons à une contradiction sidérante : alors que nous prétendons vouloir préserver cette ressource vitale, nous développons des technologies qui la consomment à un rythme vertigineux.

Les chiffres sont éloquents.
Selon l'Agence Internationale de l'Énergie, les centres de données ont englouti environ 560 milliards de litres d'eau en 2023. Ce chiffre pourrait plus que doubler d'ici 2030 pour atteindre près de 1 200 milliards de litres par an. Pour mettre cela en perspective : un grand centre de données peut consommer entre 3,8 et 19 millions de litres d'eau par jour. C'est l'équivalent de la consommation de dizaines de milliers de foyers.

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/un-rapport-appelle-les-acteurs-de-lia-mieux-controler-leurs-consommations-delectricite-et-deau-250207

Et voici le paradoxe absurde : 20 questions posées à ChatGPT nécessitent l'équivalent d'une bouteille d'eau de 0,5 litre. Nous dialoguons avec des machines en vidant littéralement nos nappes phréatiques.

Et combien pensez-vous de questions sont posées chaque jour à ce logiciel ?
2,5 milliards !!!

Calcul :
Si 20 questions = 0,5 litre d'eau
Alors 1 question = 0,5 ÷ 20 = 0,025 litre (ou 25 ml)
Pour 2,5 milliards de questions : 2 500 000 000 × 0,025 = 62 500 000 litres

Soit 62 500 mètres cubes ou 62,5 millions de litres par jour

Pour mettre cela en perspective :

  • C'est l'équivalent de 25 piscines olympiques par jour (une piscine olympique = 2 500 m³)
  • Environ 22 800 mètres cubes par an (si on maintient ce rythme quotidien)
  • La consommation d'eau d'environ 140 000 personnes par jour (en supposant 450 litres/personne/jour incluant tous les usages)

Ces chiffres illustrent l'impact environnemental significatif de l'infrastructure nécessaire au refroidissement des data centers qui hébergent ces modèles d'IA. C'est d'ailleurs un sujet de préoccupation croissant dans le secteur technologique.
 
https://www.numerama.com/tech/2036695-le-nombre-de-questions-posees-chaque-jour-a-chatgpt-est-hallucinant.html

L'intelligence artificielle : une soif insatiable

Les centres de données dédiés à l'intelligence artificielle sont particulièrement voraces : leur consommation électrique est 4 à 5 fois supérieure à celle d'un datacenter traditionnel. En 2022, les centres de données, cryptomonnaies et IA représentaient déjà près de 2% de la consommation électrique mondiale, soit 460 TWh. D'ici 2030, ces besoins pourraient doubler pour atteindre 945 TWh, avec une croissance d'environ 15% par an.

Mais ce n'est pas tout.
L'empreinte carbone est tout aussi alarmante.
L'entraînement du modèle d'IA BLOOM émet 10 fois plus de gaz à effet de serre qu'un Français en une année.
Les émissions de CO₂ liées à la fabrication des GPU d'IA pourraient bondir de 16 fois entre 2024 et 2030, atteignant 19,2 millions de tonnes de CO₂ équivalent.

La question philosophique qui dérange

Posons-nous une question fondamentale, presque embarrassante : comment une "intelligence artificielle" peut-elle être plus gourmande énergétiquement qu'une vraie intelligence ?

Notre cerveau, cette merveille de l'évolution, fonctionne avec environ 20 watts. Vingt petits watts pour penser, créer, rêver, composer des symphonies ou résoudre des équations complexes. Une requête à une IA consomme environ 0,3 wattheure, soit potentiellement 10 fois plus qu'une recherche Google classique.
Multipliez cela par des milliards de requêtes quotidiennes et vous comprenez l'absurdité à laquelle nous faisons face.

Cette disproportion révèle une vérité dérangeante : nous appelons "intelligence" quelque chose qui est fondamentalement inefficient, gaspilleur, démesuré.

C'est comme si nous avions créé une roue qui nécessite un camion de carburant pour faire un tour sur elle-même. Où est la logique ? Où est la sagesse ?

Un paradoxe géographique révélateur

L'absurdité atteint son paroxysme quand on examine où sont implantés ces centres de données. Une étude révèle que 45% des centres de données dans le monde se trouvent dans des bassins fluviaux présentant un risque élevé de disponibilité de l'eau, et 47% dans des lieux exposés à la sécheresse.
De plus, 65% se situent à moins de 5 km de zones clés pour la biodiversité.

C'est comme construire des piscines olympiques en plein désert du Sahara.
L'image est ridicule ? C'est pourtant exactement ce que nous faisons.

Quand ces installations rejettent de l'eau de refroidissement échauffée dans les rivières ou les lacs, elles perturbent les écosystèmes aquatiques par pollution thermique. Les poissons, les plantes aquatiques, tout un équilibre millénaire est bouleversé pour permettre à des serveurs de fonctionner.

Le silence assourdissant de la transparence

Et comme dans Don't Look Up, il y a cette même omerta, ce même déni organisé. Actuellement, aucune règle obligatoire en matière de divulgation d'informations environnementales n'existe pour l'industrie de l'IA. Les géants de la tech peuvent consommer, polluer, assécher, sans avoir à en rendre compte publiquement de manière standardisée.

Microsoft a discrètement révélé que sa consommation d'eau avait progressé de 34% entre 2021 et 2022. Google, de son côté, a enregistré une hausse de 20% sur la même période. Ces chiffres sont noyés dans des rapports de développement durable de centaines de pages, invisibles pour le grand public.

Un expert souligne que "l'accaparement d'eau est agressif dans le sens où c'est non planifié et parfois non discuté, avec un réel problème de débat démocratique par rapport à l'usage de l'eau." Nous sommes dépossédés de notre droit à décider collectivement de l'usage de nos ressources vitales.

La dualité impossible

Nous voilà donc face à une dualité vertigineuse. D'un côté, les discours sur la transition écologique, la préservation de la biodiversité, la lutte contre le réchauffement climatique. Les conférences internationales se multiplient, les objectifs de développement durable sont affichés, les entreprises communiquent sur leur responsabilité environnementale.

De l'autre côté, une course effrénée vers le "progrès" numérique. Chaque nouvelle génération d'IA doit être plus puissante, plus rapide, plus impressionnante. Les investissements se comptent en milliards. Les promesses d'un futur radieux grâce à l'IA fusent de toutes parts.

Entre les deux : l'eau. Cette ressource finie, irremplaçable, qui s'épuise pendant que nous débattons.

C'est un travers économique profond qui s'exprime ici. Nous avons créé un système où la croissance technologique prime sur la préservation de ce qui permet la vie elle-même. C'est comme scier la branche sur laquelle nous sommes assis, mais avec un sourire aux lèvres et un discours sur l'innovation.

Peut-on encore inverser la tendance ?

Les émissions indirectes liées à la consommation d'électricité des centres de données passeront de 180 millions de tonnes de CO₂ aujourd'hui à 300 millions de tonnes en 2035, une hausse de 66%.
Dans un scénario de décollage incontrôlé, ce chiffre pourrait culminer jusqu'à 500 millions de tonnes.

Face à cette trajectoire, quelques initiatives émergent timidement. En France, un référentiel général pour l'IA frugale a été élaboré pour fournir aux organismes une méthodologie d'évaluation de l'impact environnemental. En 2025, 91 partenaires ont créé une Coalition pour une Intelligence Artificielle écologiquement durable.

Des gouttes d'eau dans l'océan ?
Peut-être. Mais ce sont ces gouttes qui créent les vagues.

Certains arguments avancent que l'IA pourrait, paradoxalement, aider à résoudre les problèmes environnementaux. Google aurait augmenté l'efficacité de ses parcs solaires et éoliens de 20 à 30% grâce à l'IA. Dans les bâtiments intelligents, des systèmes basés sur l'IA réduiraient la consommation énergétique jusqu'à 40%. Selon l'AIE, les émissions de l'IA pourraient être compensées par des économies d'émission trois à cinq fois plus importantes.

Mais voilà : nous parions sur l'avenir. Nous hypothéquons le présent pour un futur incertain. C'est exactement le discours des personnages du film qui, face au météorite, proposent de le "gérer" plutôt que de l'éviter.

L'intelligence que nous cherchons vraiment

Dans cette opposition entre eau et IA, entre nature et technologie, entre vie et algorithmes, se joue peut-être la question la plus fondamentale de notre siècle : quelle intelligence cherchons-nous vraiment ?

L'intelligence de la nature, qui a mis des millions d'années à créer des écosystèmes d'une efficacité redoutable, où rien ne se perd, où tout est recyclé ? Ou l'intelligence artificielle, gourmande, inefficiente, qui dévore des ressources vitales pour simuler maladroitement ce qu'un cerveau humain fait avec 20 watts ?

L'eau nous donne une réponse limpide, si nous acceptons de l'écouter.
Elle coule, elle s'adapte, elle nourrit, elle transforme.
Elle est l'intelligence même de la vie.
Et nous sommes en train de la sacrifier pour des serveurs qui chauffent.

Le météorite est là, au-dessus de nos têtes. Il a la forme d'un datacenter.
Et nous continuons de ne pas regarder en l'air.


Chez Naturasounds, nous croyons que la véritable intelligence réside dans l'harmonie avec le vivant, pas dans sa destruction programmée. L'eau est notre bien commun le plus précieux. Il est temps de choisir : préserver la source de toute vie, ou regarder ailleurs pendant qu'elle s'assèche.

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